Le premier numéro de l'année 2023 de la revue américaine Utopian Studies contient, dans sa rubrique " Book Reviews ", ma recension de l'essai Fabuler la fin du monde. La puissance critique des fictions d'apocalypse (2019) de Jean-Paul Engélibert , qui détaille la façon dont les récits d'apocalypse sont passés, au fil du temps, d'une perspective religieuse à des inspirations physiques et notamment environnementales et climatiques. Il montre ensuite les différentes façons qu'avaient les premiers récits d'apocalypse modernes, au XIXème siècle et au début du XXème, de faire office de précurseurs des œuvres d'aujourd'hui consacrées au changement climatique et à d'autres problématiques actuelles. Enfin, l'ouvrage d'Engélibert s'efforce de prouver qu'en créant un espace imaginaire de table rase post-apocalyptique (un kairos opposé au chronos de la vie normale pré-apocalyptique), la fiction d'apocalypse peut générer une pensée pragmatique et dynamique sur les nouvelles conditions et les actions à mener à partir du nouveau contexte, et donc une motivation plutôt qu'un découragement, ou ce que Michel Deguy appelait L'Énergie du désespoir (1998).
Pour ce faire, Engélibert étudie principalement Le Dernier homme (1805) de Jean-Baptiste Cousin de Grainville, Frankenstein (1818) de Mary Shelley, Le Monde tel qu’il sera (1846) d'Émile Souvestre, Ignis (1883) de Didier de Chousy, Malevil (1972) de Robert Merle, L'Aveuglement (1995) de José Saramago, Des Anges mineurs (1999) d'Antoine Volodine, Cosmopolis (2003) de Don DeLillo, The Road (2006) de Cormac McCarthy, Le Dernier monde (2007) de Céline Minard, L'Homme vertical (2010) de Davide Longo, la trilogie romanesque MaddAddam (2003, 2009, 2013) de Margaret Atwood, les films On the Beach (1959) de Stanley Kramer, Melancholia (2011) de Lars von Trier, 4:44 Last Day On Earth (2012) d'Abel Ferrara, et Ghost in the Shell (1995) de Mamoru Oshii, la nouvelle “The Machine Stops” (1909) d'E.M. Forster, la trilogie dramatique The War Plays (1985) d'Edward Bond, et la première saison (2014) de la série télévisée The Leftovers (2014-2017) de Damon Lindelof and Tom Perrotta.
Page de la revue sur le site de l'éditeur:
https://www.psupress.org/journals/jnls_utopian_studies.html
Page du numéro sur la plate-forme numérique Scholarly Publishing:
https://scholarlypublishingcollective.org/psup/utopian-studies/issue/34/1
Page du livre d'Engélibert sur le site de son éditeur:
https://www.editionsladecouverte.fr/fabuler_la_fin_du_monde-9782348037191
Ce recueil collectif, publié par Cambridge Scholars Publishing le 29 août 2023 et dirigé par Françoise Besson , contient mon article " How Bugs, Monarchs and Trees Shape Human Fate and Experience in Peter Kuper's Diario de Oaxaca and Ruins ".
Cet article est consacré au rapport à l'environnement (tantôt "anthropocentré", tantôt "biocentré" ou en tout cas "lococentré" (notions empruntées à l'écocritique américain Lawrence Buell )), développé dans deux œuvres graphiques que l'auteur de bédé américain Peter Kuper a consacré à son séjour au Mexique de 2006 à 2008: le carnet de voyages et de croquis Diario de Oaxaca (2009) , où il relate son expérience, et le roman graphique Ruins (2015) , où il l'adapte en fiction .
Cette réflexion passe, entre autres choses, par une analyse de l'image, et notamment de l'utilisation de la saturation graphique, notamment sur le plan thématique (avec la place accordée aux animaux et aux plantes en général, aux insectes en particulier) dans deux récits graphiques visant à immerger le lecteur dans l'univers foisonnant, coloré et grouillant de vie du Mexique tel que l'a vécu Kuper.
Page du livre sur le site de l'éditeur: https://www.cambridgescholars.com/product/978-1-5275-1287-0
Page de Diario de Oaxaca sur le site de son éditeur: https://pmpress.org/index.php?l=product_detail&p=894
Page de Ruins sur le site de son éditeur: https://www.selfmadehero.com/books/ruins